Le White Art à l'honneur !
- 06/01/2021ELOGE DU BLANC
Il est la couleur de la neige, qui nous a manquée avec la fermeture des stations de ski, mais aussi celle des maisons en Grèce, dont les murs blanchis à la chaux sont le synonyme des vacances. Il est la couleur du sel, du sable le plus fin, des nuages cotonneux, des perles… Dans un intérieur, il symbolise la simplicité et le minimalisme. Les murs blancs sont, depuis de nombreuses années, un indispensable de la déco contemporaine. Dans une chambre, des draps immaculés aident au repos. Dans un salon, un canapé ou un épais tapis blanc donne à la pièce une sensation instantanée de fraîcheur et de douceur.
LE BLANC A LA MAISON
Côté déco, pensez aux objets pâles ! Un vase en porcelaine, une bougie, une lampe en verre poli… Et n’oubliez pas vos murs : les œuvres d’art dominées – ou boostées – par le blanc apportent chic et cachet à n’importe quelle pièce. Elles sont généralement graphiques, fines, elles ont du style et de la grâce. Preuve en est avec notre catalogue « White art », qui réunit Sophie Rocco, Julien Rey, Richard Poumelin, Denny Stoekenbroek, Lau Blou, Roma Gaia, Odile Escolier, Delphine Blais, Thierry Boitier, Yasmina Ziya, Emmanuelle Levesque, Dias et François-Régis Lemonnier.
LA COLLECTION
Ces artistes aiment le blanc et le manient, tous à leur façon, avec brio :
- Julien Rey l’utilise en dialogue avec un noir puissant pour faire apparaître les horizons de villes modernes aux lignes verticales, ainsi que de vertigineuses montagnes.
- L’Italienne Gaia Roma décline ses nuances – écru, crème, beige – pour composer des visions infiniment délicates, habitées de toutes petites baleines ou de silhouettes humaines.
- Côté portraits,Denny Stoekenbroek peint en noir, sur des fonds blancs, de très beaux visages au réalisme quasi-photographique.
- Les paysagistes Richard Poumelin, Emmanuelle Levesque et François-Régis Lemonnier l’utilisent pour unifier des vues de bords de mer, de végétation ou de rues brumeuses…
- L’artiste chinois San Qian l’emploie volontiers en fond ; ses œuvres évoquent des estampes japonaises et représentent des arbres fruitiers, des bateaux, des fleurs ou des arbres.
- Plus rêveuses, les artistes Sophie Rocco ou d’Odile Escolier laissent percer dans un blanc irrégulier des silhouettes évanescentes…
LA MINUTE HISTOIRE DE L'ART
Une œuvre est emblématique de l’emploi du blanc dans l’histoire de l’art : Le Carré blanc sur fond blanc, signé par Kasimir Malevitch en 1918. On dit d’elle qu’elle est le premier monochrome. Elle marque en tout cas la disparition du sujet, l’art abstrait dans ce qu’il a de plus radical. Elle nous montre aussi que le blanc n’est jamais tout à fait blanc : tout comme le célèbre morceau sans musique 4' 33'' de John Cage (1952) qui donne à entendre les bruits que font, sans s’en rendre compte, les spectateurs d’une salle de concert, le monochrome blanc de Malevitch montre les contours d’un carré, met en évidence la surface irrégulière de la toile, les marques minuscules mais plus que jamais visibles de sa matérialité.
Auparavant, les plus beaux blancs sont ceux des drapés : cassés par des ombres, ils mettent en valeur visages et corps, et peuvent être particulièrement sculpturaux – comme la célèbre Draperie pour une figure assise (vers 1470) de Léonard de Vinci. Le blanc est souvent celui du vêtement, mais aussi des bijoux, comme la perle éclatante de la Jeune fille à la perle (1665) de Vermeer. Au XIXème siècle, Édouard Manet, qui aimait tant le noir, a produit un quasi-monochrome dit La Dame à l’éventail ou La Maîtresse de Baudelaire (1862) dont la robe pourrait être une toile abstraite.
Aujourd’hui, le blanc est partout : le monochrome est devenu un emblème que l’on reprend, malmène, moque, sublime. Comme Lucio Fontana, qui donna en 1962 plusieurs coups de couteau sur une toile immaculée dite Concept Spatial blanc. À vos tubes de blanc !