Obscénité ou sensualité : plusieurs manières d'interpréter le tableau
Pour son œuvre, Gustave Courbet a utilisé la technique de l'huile sur toile. Elle mesure 55 centimètres pour une hauteur de 46 centimètres.
Deux analyses différentes pour cette toile de la fin du XIXe siècle
Le raffinement et la sensualité de l’œuvre
L'aplomb de Gustave Courbet n'est pas sans rappeler son admiration pour les peintres italiens. Titien, Corrège ou Véronèse mettait le corps à l'honneur avec beaucoup de sensualité. Dans cette œuvre, cette partie infime du corps féminin demeure très pâle. Le peintre réaliste s'inspirait également du clair-obscur utilisé par les artistes hollandais.
Le côté vulgaire et pornographique de « L'origine du monde »
D'autres spécialistes et critiques d'art ont plutôt rapproché ce tableau des œuvres picturales et des photographies pornographiques d'Auguste Belloc. D’ailleurs, Courbet gardait dans son atelier de nombreuses photographies de nus féminins : ceux de Belloc, de Vallou de Villeneuve ou de Louis-Auguste et Auguste-Rosalie Bisson. La manière dont a été rogné le corps de « L'Origine du Monde » ressemble à la façon dont Belloc avait photographié le modèle Augustine Legation. « L'origine du monde » serait donc plutôt classé dans la catégorie pornographique. En 1863, Edouard Manet avait peint « Olympia » ainsi que « Le déjeuner sur l'herbe », toile sur laquelle on voit une femme nue entourée d'hommes habillés. De là, Gustave Courbet a peut-être voulu l'imiter en exagérant et allant plus loin encore dans la perversion.
L'auteur avait bien l'intention de faire porter le regard vers ce sexe féminin, la vulve, les lèvres et une toison brune. En l'absence de représentation des jambes, des bras et surtout du visage, le peintre réaliste a sans nul doute voulu surprendre et choquer le spectateur. Ce dernier ne peut faire croire qu'il admire autre chose que le sexe ou qu'il tente d'interpréter une émotion. Cependant, l'artiste atténue l'effet pornographique de cette peinture en l'intitulant « L’Origine du monde », ce qui écarte la connotation obscène. Il soumet le spectateur à une certaine analyse de l’œuvre : le lien entre les organes génitaux et la naissance.
Plus d'un siècle pour passer de la sphère privée à la sphère publique
Vous pouvez admirer ce tableau au musée d'Orsay depuis Juin 1995. Avant cette date, c'était une des peintures les moins accessibles d'Europe. Elle a en effet connu une histoire mouvementée. Son premier propriétaire, Khalil Bey l'aurait recouverte d'un tissu vert afin de le cacher des yeux de ses visiteurs. Mais quelques années après sa commande, il est ruiné et la vend. «L’Origine du monde» passe de collectionneur en collectionneur. Arrivée en Hongrie, la peinture transite vers l'Union soviétique en 1945. Le baron Hatvany la réceptionne à nouveau chez lui avant qu'elle atterrisse chez le psychanalyste Jacques Lacan en 1955. Ce dernier la dissimulait derrière un paysage peint par André Masson. La toile est donc restée dans la sphère privée d'admirateurs durant 122 ans avant d'être dévoilée au public new-yorkais en 1988 puis aux français en 1991. À cette date, elle est en effet exposée à Ornans, ville natale de Gustave Courbet. Enfin en 1995, elle fait partie de la collection du musée d'Orsay. Rien ne recouvre alors le tableau qui a été accroché pour un temps dans la salle des grands formats.
Mettre un nom sur la représentation rognée d'un Nu féminin
Les premières suppositions quant à l’identité du modèle
Hormis les péripéties historiques de la toile et les controverses relevées dans son analyse, «L’Origine du monde » a suscité également beaucoup de recherches et de débats autour du visage à donner à ce corps tronqué. En effet, Gustave Courbet a connu beaucoup de maîtresses qui étaient aussi ses modèles. Dans l'œuvre « Les Amants dans la campagne », on retrouve Joséphine mais il peint également Justine, Virginie Binet et d'autres encore. Mais en 1865, il rencontre à Trouville, l'Irlandaise Joanna Hiffernan, la maîtresse du peintre Whistler. Elle devient sa véritable muse pour sa collection d’œuvres érotiques et il en sera amoureux jusqu'à son exil en Suisse. Longtemps, on a donc associé ce Nu à cette jeune femme. Cependant, la blancheur de sa peau et sa chevelure rousse laissait peser le doute. On a cru aussi que cela pouvait être Jeanne de Tourbey, la maîtresse de Khalil Bey.
Les découvertes récentes
Mais en 2018, l'identité du modèle est enfin dévoilée. Claude Schopp a lu les annotations d'une correspondance de Dumas fils destinée à George Sand. Elles révèlent que Gustave Courbet aurait représenté la partie intime de Constance Queniaux qui est une ancienne danseuse de l'opéra. Alexandre Dumas n'avait pas les mêmes opinions politiques que le peintre et les mêmes avis sur la Commune de Paris. Dans cette lettre, l’écrivain ridiculise alors Courbet en nommant son modèle. Son étude a été prouvée par des experts puisque contrairement à Johanna Hiffermann, cette danseuse étoile avait des cheveux et des sourcils noirs. De plus, il s'agissait d'une des maîtresses du diplomate commanditaire. Les spécialistes de l’histoire de l’art n’ont pas fini de nous apporter des éclaircissements sur l’histoire de cette œuvre énigmatique.
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