Portraits
Découvrez qui est l'artiste Julien Rey
- 14/06/2021Bien qu'étant achromatopsique (discernement des couleurs compliqué), Julien Rey nous fait voyager à travers ses toiles aux paysages urbains.
L’histoire de Julien Rey commence comme toutes les belles histoires: par un rêve impossible. Achromatopsique, l’artiste ne voit qu’en noir et blanc. Pourtant, cette maladie ne l’empêche de voyager aux confins de la Birmanie, de changer de vie (il y devient moine bouddhiste) ou de se lancer dans l'art. De son voyage en Birmanie, il ramène une parfaite maîtrise de la feuille d’or, élément caractéristique de son travail. Sa technique à base de laque travaillée au couteau et d’incrustations de feuille d’or place la lumière au centre de ses œuvres. Marqué par la philosophie zen, il réalise des compositions minimales qui apparaissent comme des instants suspendus, des pauses poétiques.
L’histoire de Julien Rey commence comme toutes les belles histoires: par un rêve impossible. Achromatopsique, l’artiste ne voit qu’en noir et blanc. Pourtant, cette maladie ne l’empêche de voyager aux confins de la Birmanie, de changer de vie (il y devient moine bouddhiste) ou de se lancer dans l'art. De son voyage en Birmanie, il ramène une parfaite maîtrise de la feuille d’or, élément caractéristique de son travail. Sa technique à base de laque travaillée au couteau et d’incrustations de feuille d’or place la lumière au centre de ses œuvres. Marqué par la philosophie zen, il réalise des compositions minimales qui apparaissent comme des instants suspendus, des pauses poétiques.
“Le talent, c’est de travailler beaucoup pour arriver à quelque chose” Julien Rey
1. Présentez-vous en quelques mots ? Quel est votre parcours ?
J'ai toujours peint depuis mon enfance sans jamais penser à faire une école ou même à en vivre. J'ai terminé une école d'audiovisuel qui ne m'a peut-être pas conduit vers un métier du cinéma, mais qui m'a forgé un regard précis sur le cadrage, la composition et l'esthétique. Par la suite, j'ai exposé dans des petits marchés d'art estivaux en extérieur. En parallèle, j'ai eu l’opportunité de voyager, ce qui a beaucoup enrichi mon œuvre. Petit à petit, j'ai pu me faire connaître et surtout développer mon style. Je vis de ma peinture depuis sept ans maintenant.
2. Votre rencontre avec Carré d’artistes ?
J'ai toujours fait les marchés d'art en été, comme à Saint-Rémy-de-Provence ou Aix en Provence, dans le but de montrer mes œuvres et de me confronter au regard critique du public. Au fur et à mesure des expositions et des retours positifs, j'ai développé et affirmé mon style. C'est sur un de ces marchés que Carré d'Artistes est venu à ma rencontre. J'ai donc pu proposer mon travail qui a été plutôt apprécié. Par la suite les choses sont allées vite, grâce à la visibilité proposée par Carré d'Artistes j'ai commencé à exposer à Amsterdam et depuis je ne m’arrête plus de peindre.
3. Comment est née votre vocation d’artiste ?
Je n'ai jamais vraiment choisi d'être peintre, d'ailleurs je considère que l'on ne décide pas d'être artiste, ce sont les autres qui font de vous un artiste. Le regard, les critiques, les commentaires, on ne peut décider que de proposer des œuvres à voir, les faire du mieux qu'on peut et le plus sincèrement possible. En revanche, je pense que la créativité vient de l'enfance, c'est quelque chose que l'on a et que l'on cultive. Pour moi, il faut forcément avoir une âme d’enfant pour être artiste. Il est important d'avoir un regard neuf sur les choses pour créer son propre style.
4. Comment se déroule une séance de peinture ? Quel est le processus de création de vos œuvres ?
Je peins toujours très tôt, trois, quatre heure du matin, pour être parfaitement tranquille et concentré, accompagné de musique pour rythmer ma séance. Ma technique, faite de laques et feuille d'or sur bois, nécessite de travailler à plat. Dans un premier temps je dépose différentes couches de laques noires et blanches sur le châssis de bois. Je compose alors l'arrière-plan et la perspective à l'aide de spatules en retirant la matière.
La deuxième étape étant de rajouter de la matière pour créer du relief, du détail et des valeurs de plan. La dernière étape, quand les couches ont bien séché, consiste à incruster la feuille d'or toujours avec les spatules.
5. Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences et références ?
J'ai des peintres que j'aime beaucoup comme Turner, par exemple, pour sa simplicité, son abstraction ou même Zao-Wu-Ki, dans un autre style mais pour les mêmes raisons. Mais l'inspiration qui se traduit directement dans mes tableaux vient de l'art de la calligraphie, que j'ai longuement pratiqué. Toujours dans cette idée de simplicité de rigueur de la composition et de l'art du trait. Il y a toujours de l'art calligraphique dans mes tableaux.
6. Quel est votre rapport aux thèmes qui ressortent dans vos tableaux ?
A vrai dire, les thèmes ou les sujets de mes tableaux ne sont pas importants, ce n'est qu'un prétexte pour arriver à toucher les gens. D'ailleurs j'aime beaucoup quand les artistes nous font « oublier » leur sujet, on plonge vraiment dans l’œuvre.
7. Quelles sont les significations des couleurs que vous utilisez ? Est-ce que vous souhaitez faire passer un message ?
C'est un peu particulier pour moi, car je ne vois pas les couleurs. J'ai donc naturellement orienté mes recherches vers des compositions uniquement en noir et blanc, l'ajout de feuilles d'or, qui s'est fait plus tard, a marqué mon style qui reste le même depuis. J'ai transformé une « contrainte » en un style sincère et personnel. Ne jamais sous-estimer l'effet positif de la contrainte. Pour moi, l'art n'est que contrainte.
8. Quel a été le meilleur conseil qui vous a été donné en tant qu'artiste ?
Malheureusement j'ai eu beaucoup de mauvais conseils, disons que faire confiance à mon instinct a été très libérateur pour moi. On m'a conseillé de prendre l'art comme une cuisine expérimentale et j'ai pu faire les choses de manière naturelle. C'est là que j'ai pu me rendre compte que l'art est une recherche de l'enfance.
9. Une anecdote que vous voudriez partager ?
Lors d'une dédicace à Amsterdam, je me souviens d'un jeune homme qui est venu acheter deux petits formats avec ça toute première paye, il m'a confié qu'il voulait s'acheter un beau costume mais en passant devant la galerie Carré d'artistes mes tableaux lui ont fait changé d'avis, ça m'a beaucoup touché. Dans cette même dédicace il y a avait aussi un homme qui est venu acheté un tableau pour la première fois de sa vie, un cadeau de 40 ans de mariage pour sa femme, j'ai été très touché et ému. C'est pour ça que j'aime les dédicaces.
10. Parlez nous de vos mignonneries*, qu’avez-vous ressenti en peignant sur un si petit format ?
J'ai d'abord pris ça comme un défi, ça ne me semblait pas possible ou avec un résultat trop confus. Mais j'ai créée de « nouveaux » outils, tournevis, pics... pour pouvoir travailler de manière très fine. Je me suis pris au jeu et le résultat me semble plutôt réussi. Je ne refuse jamais de tester de nouvelles choses on sait jamais ou ça nous mène, j'ai sans doute gagner en précision sur mes grands formats.
* mignonnerie : oeuvre exclusive au format 6x6 cm. (offerte pour l'achat d'un GF de la collection Art in the city by Julien Rey)