2.Que cherchait Paul Cézanne ?
3.Qu’apporte aujourd’hui un tableau de paysage ?
Que retenir de l'histoire des peintures de paysages
Il s’agit d’une scène de chasse aux oiseaux dans les marais réalisée entre -2350 et -2160 AEC, et d’un jardin d’arbres et de fleurs orné en son centre d’un bassin avec carpes et canards, daté de -1350 AEC.
Toutes deux portent encore des couleurs remarquablement conservées.
Dans l’Antiquité, la nature est représentée comme support de scènes allégoriques ayant pour vocation de décorer les tombeaux ou de riches demeures.
Ces vestiges, essentiellement romains, sont en accord avec la vision qu’avaient les Anciens d’un monde parfait, dont on célébrait la beauté par une reproduction esthétique où insérer l’Homme, sujet principal.
Ainsi, les fresques anciennes représentent-elles des scènes de vie idéalisées, de mythologie et de sanctuaires dans un superbe décor paysager.
Au Moyen-âge, le paysage s’affirme lentement comme arrière-plan privilégié.
Il est toujours au service de la religion, de la légende biblique, de la vie des saints et bien sûr de la symbolisation du pouvoir des grands de ce monde.
La représentation de la nature est symbolique, car l’on pense à cette époque que l’œuvre de Dieu (la nature) ne peut être égalée et personne ne se risque à une représentation réaliste.
>Qu'est-ce que la peinture de paysages ?
Quels sont ses lieux ?
Mais tout change à la Renaissance avec l’apparition de la perspective et de la peinture à l’huile.
Petit à petit, des détails réalistes apparaissent, puis se généralisent jusqu’à ce que le flamand Van Eyck impose la représentation exacte du réel comme l’excellence de l’art.
Le paysage n’est toujours pas le sujet principal de la peinture, mais il est de plus en plus important.
On représente des utopies urbaines, projets d’aménagement ou représentations de villes existantes, mais idéalisées.
Mais les nouvelles techniques développent et modifient le regard des artistes sur les pays qu’ils visitent.
Ils commencent à voir dans la nature, non pas un décor pour le portrait de leurs hôtes ou de chasseurs, mais bien un paysage, une scène qui se suffit par elle-même car possédant des points forts et une dynamique suffisants pour faire unité et accrocher l’œil. Joachim Patinier et Albrecht Dürer (fin XVe début XVIe siècles) furent les premiers à peindre des tableaux de nature sans personnages ou à figures secondaires.
Le « genre » peinture de paysage était né.
De là et jusqu’aujourd’hui d’innombrables artistes se sont emparés du sujet.
Peut-être est-ce pour représenter la complexité, la beauté ou l’esprit d’un lieu, ou pour exprimer leur propre émotion et inventer de nouvelles techniques pour mieux le faire.
Ils sont souvent attirés par les jeux de lumière changeante, l’expression des reliefs, la mer, ses falaises, l’écume ou les nuages.
Il s’agit alors de représenter le mouvement subtil ou violent de la nature et celui de leur âme.
> Evolution de la peinture de paysage ici
Qu’a donc apporté l’école de Barbizon ?
Donc, au cours des XVIe et XVIIe siècles la peinture de paysage se développe, en même temps que l’économie et qu’une bourgeoisie en mesure d’acheter des œuvres.
Quel que soit le style, il s’agit d’allier esthétique et réalité, et à cette époque, la notion de beauté est encore généralement associée à celle d’utilité. Un troupeau dans un sous-bois est beau, une falaise ne l’est pas.
Ainsi se prend une habitude d’idéalisation, où les éléments déplaisants sont ignorés et où il n’y a nul besoin d’être face à son sujet.
La nature est peinte en atelier d’après esquisse.
En France, le tableau réussi se doit d’être bien ordonné sur la base d’un dessin structurel visible (pour les Classiques) ou à la couleur passionnelle (pour les Baroques). La lumière devient à cette époque un élément majeur du tableau de peinture de paysage.
Le XIXe siècle porte un changement majeur dans ces usages. Un groupe d’artistes, sans doute influencés par les peintres anglais de paysage, se lancent à la suite de Corot dans la peinture de nature sur site.
Ils vont en forêt de Fontainebleau, du côté de Barbizon, non loin de Paris et leur entreprise sera notablement facilitée dès 1841 par la mise en service d’une ligne de chemin de fer et par l’apparition des tubes de gouache… industriels, mais si facilement transportables.
Plus qu’une « école », semble-t-il, Barbizon fut une mode et une dynamique qui se maintint pendant une cinquantaine d’années.
S’il n’existe pas de « style Barbizon » et si chacun y travaillait dans un style propre, nul doute que cette concentration de passionnés a favorisé les échanges et l’inspiration.
L’impressionnisme (qui exprime l’impression de l’artiste et non exactement ce qu’il voit), dit-on, a trouvé quelques racines à Barbizon.
Que cherchait Paul Cézanne ?
Paul Cézanne a lui-aussi fréquenté Barbizon.
D’abord reconnu comme peintre impressionniste, il fait évoluer son style vers une peinture nouvelle, dite néo-impressionniste puis cubiste.
On le dit père de l’Art moderne. L’un des traits qui le caractérisent est une manière de travailler s’appuyant sur la répétition du sujet.
Il fait notamment 45 portraits de son épouse au cours de sa vie et une série de près de 80 peintures et dessins de la montagne de Sainte-Victoire.
Dans cette série, l’expression sensible de la perception du paysage changeant est l’objectif principal de son travail.
Il dit que L’étude réelle et précieuse à entreprendre c’est la diversité du tableau de la nature. et aussi que Peindre d’après nature, ce n’est pas l’objectif, c’est réaliser des sensations.
Ou encore J’en reviens toujours à ceci : le peintre doit se consacrer entièrement à l’étude de la nature, et tâcher de produire des tableaux qui soient un enseignement. (Lettres à Émile Bernard 1904).
Il sert sans doute en premier lieu une lumière toujours changeante et porteuse d’émotions qu’il retranscrit par sa palette.
L’ombre devient une couleur, le bleu de préférence, et est aussi servie par le dégradé des teintes.
Il invente une description géométrique de la montagne et de son relief par des traits et des lignes discontinus auxquels il offre une perspective aérienne étoffant les volumes.
En vérité, il invente une nouvelle façon de peindre le paysage.
Qu’apporte aujourd’hui un tableau de paysage ?
L’apparition de la photographie puis des médias contemporains ont détourné la peinture de paysage de sa fonction de restitution fidèle de la vision humaine.
De même que l’exotisme des vues du voyage n’a plus guère besoin de ce support.
Mais le tableau paysager est devenu la peinture de la sensibilité de son créateur, la représentation du travail d’un artisan perfectionniste et exigeant.
La contemplation de l’œuvre ouvre un espace infini où retrouver les sensations de l’artiste, mais aussi où donner libre cours à sa propre créativité émotionnelle.
Celui qui regarde reçoit l’esthétique, mais aussi l’invitation à l’analyse ou au rêve devant des paysages oniriques comme ceux de Salvador Dali.
Une toile de Pollock peut ouvrir à des heures de création d’un paysage seulement à partir de l’émotion et des sensations qu’a mis le peintre dans son tableau.
Même s’il est peint en laissant simplement couler la peinture du pot… Comme autrefois, la peinture de paysage, même le plus abstrait, est le support des symboles, du rêve et du voyage.