1.Basquiat : figure du mouvement underground
2.Basquiat : du street art à l’art contemporain
3.Basquiat : le premier artiste noir reconnu
4.Basquiat : l’ami de Warhol
5.L’influence des oeuvres de Basquiat sur les artistes d’aujourd’hui
Basquiat : figure du mouvement underground ?
Jean Michel Basquiat devient une figure emblématique du mouvement underground.
Son art est influencé par son background. Avant même l'âge de dix ans, le jeune Basquiat est fasciné par l'anatomie. Ses premières œuvres témoignent de l'étonnante préoccupation d'un jeune homme pour la mort, élément central de son œuvre. On sent tout de suite la violence des lignes qui composent le jeune prodige. Les couleurs sont vives, mais cèdent la place à un fond sombre et maussade.
Fasciné par la mort mais passionné par le corps, Jean-Michel Basquiat a reçu de sa mère le livre médical acclamé par la critique Grey's Anatomy. Quand j'avais à peine sept ans, j'ai été renversé par une voiture au milieu de la route. Avec ce précieux cadeau de sa mère, il passe de longues journées à l'hôpital. Aussi douloureuse soit-elle, cette expérience le conduit à une étude plus approfondie du corps.
En effet, à côté du sens de la vie, une analyse plus scientifique et rigoureuse anime les artistes. Il joue souvent de cette dichotomie entre intérieur et extérieur, présentant à la fois l'extérieur du visage dévasté et l'intérieur du crâne, la dureté des os et l'aspect squelettique. Ici, contrairement à Dusthead, le fond est coloré avec des nuances de bleu propres à Basquiat, et toute l'obscurité est essentiellement dans le personnage semi-vivant.
Basquiat : du street art à l’art contemporain
Sa notoriété commence donc dans la rue.
A peine majeur, il passe le gros de son temps dans la rue et les squats où il s’exprime publiquement par des graffs aux messages provocateurs. Ses premières expériences avec la drogue et la nécessité de trouver un moyen de survie l’amènent à vendre des tee-shirts et des cartes postales dans la rue. Ce marginal se distingue vite des autres artistes de rue en signant son passage dans le métro ou les quartiers populaires de Manhattan par un curieux pseudonyme : SAMO©. En marge du circuit traditionnel des artistes reconnus, Jean Michel Basquiat devient le symbole d’un nouveau mouvement artistique.
SAMO©, qui signifie “same of shit”, interroge sur la société de consommation et les sujets populaires.Le © de copyright vient toujours compléter sa signature. Jean Michel Basquiat souligne déjà l’originalité de sa pensée et la propriété de son oeuvre. La rue devient son terrain de création. Sa volonté de laisser une empreinte dérangeante et mémorable le pousse à expérimenter de multiples supports.
Une couronne est souvent représentée dans son art urbain, preuve de son ambition à devenir connu. Le tableau “Red Kings”, réalisé en 1981, peut d'ailleurs être analysé comme un autoportrait.
Ses connaissances en histoire de l’art, mêlées à la culture hip hop, le propulse dans une nouvelle sphère artistique. Du street art à l’art contemporain, il est un des premiers artistes à lier les deux et prouver leur reconnaissance.
Basquiat : le premier artiste noir reconnu
Issu d’une union métissée, Jean Michel Basquiat revendique ses origines tout au long de sa courte vie. Né dans le quartier de Brooklyn d’un père haïtien et d’une mère portoricaine, il s’interroge beaucoup sur la place des personnes noires dans la société. L’injustice sociale et le racisme sont une source de réflexion fréquente chez lui et il ne cessera de condamner l'oppression de la communauté noire.
La culture africaine est l'un des grands thèmes récurrents de Basquiat. Dans la culture afro-américaine, il a pu insuffler à certaines de ses toiles un caractère souvent condamnatoire et politique à ses origines. En plus de revendiquer fièrement son identité créole, il a également mis en lumière des figures noires historiques et légendaires telles que Cassius Clay (pseudonyme Muhammad Ali), boxeur noir américain de premier plan qui a grandement inspiré le jeune artiste. Basquiat a également représenté Sugar Ray Robinson ou Malcolm X dans ses peintures. Des figures invincibles, il porte la couronne et les sanctifie, ce qui deviendra sans doute sa marque.
Les oeuvres de Basquiat, colorées d’énergie débordante et composées de représentations humaines au corps noir, sont un hommage à la population afro- américaine et à sa culture. Il explique que s'il a hérité de la sensibilité artistique de sa mère, il a toujours ressenti le besoin que soit reconnue la couleur de son père. La dernière toile qu’il a peinte juste avant de mourir a été photographiée avec son paternel qui prend la pose. Le tableau “Warrior", représentant un étonnant guerrier, a récemment été acheté lors d'une vente aux enchères à Hong Kong à un prix dépassant toute estimation.
Basquiat : l’ami de Warhol
En parlant de Jean-Michel Basquiat, il faut dire un mot sur son ami et mentor de toujours, Andy Warhol. L'amitié explosive et la rencontre artistique entre les deux personnages ont laissé derrière eux une centaine d'œuvres réalisées à quatre mains. Tous deux s'inspirent de leurs œuvres respectives. Un duo atypique car ce sont deux univers et deux styles, tout s'oppose, et c'est là que naît toute l'ingéniosité de leurs collaborations.
Jean Michel Basquiat rencontre Andy Warhol en 1983, alors qu’il connaît déjà un succès grandissant. Les deux hommes se lient rapidement d’amitié et une collaboration artistique s'engage. Warhol est fasciné par le language artistique de Basquiat, cette effervescence qui mélange peinture, couleurs, collages et expression écrite. La technique picturale des deux artistes au style unique se complètent. En 1984, il utilise d'anciens collages et réalise un échantillon de forme selon le procédé de sérigraphie initié par Warhol. L'artiste collaborera avec Warhol sur une centaine d'ouvrages nouveaux sur l'année qui suit, soit un dixième des productions de Basquiat.
L'association créative de Basquiat et Warhol donne lieu à une lecture différente de leur art. Ils réalisent ensemble plus d’une centaine d’oeuvres, comme “eiffel tower” en 1985. Leur collaboration prendra cependant fin en même temps que leur amitié, fortement critiquée. Warhol fut même accusé d'utiliser un jeune Basquiat pour sa propre notoriété. Il ne reste que Jean Michel Basquiat est profondément attristé par la mort soudaine de Warhol, qui succombe à une crise cardiaque. Un an après,il disparait lui aussi tragiquement des conséquences d'une overdose. Bien que leur amitié sincère ait souvent été remise en question, leur partenariat laisse un héritage incontournable dans le mouvement pop art.
La vie de Basquiat est marquée par des rencontres avec les artistes et célébrités les plus en vue. Parmi eux, Julian Schnabel, David Searle, Francesco Clemente et Enzo Cucci, mais aussi Madonna et la star du pop art Andy Warhol. Dans son travail, Jean-Michel Basquiat explore à la fois les identités ethniques noires et hispaniques. Il n'y a pas seulement des scènes de rue, des jeux d'enfants et des bâtiments, mais aussi des squelettes et des visages en forme de masques.
L’influence des oeuvres de Basquiat sur les artistes d’aujourd’hui
En 2014, Eduardo Kobra rend un bel hommage à Basquiat et Warhol avec sa fresque “Fight for street art”. L'énergie fluide et nerveuse et le graphisme à la fois précis et enfantin qui caractérisent les oeuvres de Basquiat sont une référence dans l’art contemporain. Un timbre-poste a récemment été édité pour mettre à l’honneur sa toile la plus connue : “Skull”. Le mystique crâne résume parfaitement la complexité de ses tourments et sa passion morbide pour l'anatomie humaine.
L’artiste prodige a réussi à laisser une impressionnante empreinte artistique et ses oeuvres continuent à fasciner le monde culturel. Son talent et sa notoriété impacte assurément l’art contemporain. L'œuvre de Basquiat doit son originalité et sa singularité à sa forme d'appropriation de l'apparemment important tout en s'appropriant le banal, l'accidentel. Il copie consciemment des éléments de la réalité qui l'entoure, incorporant le hasard comme stratégie artistique et transformant le matériel esthétique existant en une esthétique personnelle. Jean-Michel Basquiat a été un pionnier de la société du savoir et de la génération du copier-coller qu'il envisageait face aux nouveaux médias.
De cette façon, il a réussi à faire ressortir de nouveaux éléments figuratifs et expressifs en plus de l'art conceptuel dominant et de l'art minimal de l'époque. Composé de personnages de dessins animés, de silhouettes squelettiques, d'objets quotidiens fantaisistes et de slogans poétiques, son travail captive par sa force et sa couleur riche. Couvrant des motifs de la culture pop et de l'histoire culturelle, en particulier le monde de la musique et du sport, des sujets politiques et sociaux, avec un accent particulier sur le racisme, il est critique et ironique sur la société de consommation et l'injustice sociale.