Exposition Gérard Garouste au Centre Pompidou à Paris
- 17/08/2022Le centre Pompidou offre sa première rétrospective à Garouste, le célèbre peintre, graveur et sculpteur français né en 1946. Cet événement d’envergure, à la mesure de la taille de ses toiles, durera jusqu’au 2 janvier 2023. Nous vous conseillons d’aller jeter un œil à cette expo hors du commun !
Garouste, Un artiste de génie
La renommée du peintre Gérard Garouste n’est plus à faire. Déroutant et inclassable, difficile de classer le célèbre artiste dans l’histoire de la peinture du siècle dernier. Son œuvre déborde de références diverses, aussi bien nietzschéennes que mythologiques. Certains le qualifient de trésor national de l’art français. Ils portent aux nues sa peinture figurative, mais aussi son association, créée avec son épouse Élisabeth, une architecte d’intérieur, qui favorise la pratique artistique des enfants en situation de fragilité. Récemment, son livre de confessions paru en 2009, baptisé « L’Intranquille » a encore augmenté sa cote de popularité. Car ce peintre de génie n’a pas eu une vie de tout repos.
D’abord interne au Collège du Montcel, Gérard continue ses études aux Beaux-Arts de Paris, entre 1965 et 1972. Il se forme sous l’œil attentif du peintre abstrait Gustave Singier, son mentor. Le jeune homme tombe amoureux de l’art conceptuel de Marcel Duchamp. A l’époque, il ne pratique quasiment que du dessin d’humour. Il n’oublie cependant pas de créer de nombreuses scénographies pour son ami, le metteur en scène Jean-Michel Ribes. Ce dernier est notamment célèbre pour ses spectacles « Jacky parady » et « Il faut que le Sycomore coule ». Gérard commence une collaboration fructueuse avec la fameuse salle de spectacles parisienne Palace, qui durera jusqu’en 1982. En 1977, il y présente ainsi « Le Classique et l’Indien », une pièce dont il est le décorateur, le metteur en scène et l’auteur.
Le jeune artiste de talent assiste alors à une exposition de Jean Dubuffet, un peintre, sculpteur et plasticien français, théoricien de l’art brut. Dès la fin des années 70, cet artiste brillant s’oriente alors dans la voie de la peinture figurative. Ses œuvres mythologiques, figuratives et allégoriques sont exposées pour la première fois à la galerie Durand-Dessert. En 1982, la Holly Solomon Gallery à New York City lui fait confiance, suivie par l’exposition Zeitgeist à Berlin.
Dernière étape de son accession au rang de génie de la peinture, Gérard est exposé à la Fondation Cartier, après le musée d’art contemporain de Bordeaux. L’artiste réalise des décors ou des œuvres pour le palais de l’Élysée, des sculptures pour le plafond du théâtre de Namur et la cathédrale d’Evry, des fresques pour l’hôtel de ville gothique de Mons et des vitraux pour l’église Notre-Dame de Talant. Le Théâtre du Châtelet, à Paris, lui doit son rideau de scène monumental. En 1996, Gérard crée une œuvre monumentale mêlant fer forgé et peinture pour la Bibliothèque nationale de France. Il séduit même jusqu’au plus haut sommet de l’État. Il réalise, en 2008, la maquette d’une tapisserie d’Aubusson pour l’escalier d’honneur de l’hôtel d’Aubusson.
Au-delà de sa vie d’artiste bien remplie, l’artiste acclamé par la critique s’engage pour les jeunes issus de milieux défavorisés. En 1991, il crée l’association La Source, basée dans l’Eure où il habite depuis 1979. Ces enfants en situation d’exclusion sont encouragés à s’épanouir en participant à de nombreux ateliers animés par des artistes. C’est seulement en 2009 que l’artiste révèle son lourd passé familial en publiant son autobiographie « L’Intranquille ». Gérard y parle de son père pétainiste et antisémite convaincu, source de ses troubles mentaux. Le génie raconte en effet avoir été hospitalisé dans sa jeunesse pour des crises de délires psychiatriques.
Une exposition magistrale
Du 7 septembre 2022 au 2 janvier 2023, le Centre Pompidou consacre une rétrospective en 120 tableaux au peintre, sculpteur et graveur Gérard Garouste. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette exposition ne vous laissera pas indifférent. Les plus grandes œuvres du célèbre artiste y sont montrées. Parmi elles, l’« Indien » et le « Classique », odes à la mythologie grecque et aux genres de la peinture. Ou encore, « Don Quichotte » et « La Bourgogne, la famille et l’eau tiède ». Bref, les nombreuses salles d’exposition retracent les époques traversées par le peintre.
Deux salles constituent le zénith de cette exposition. La première regroupe les œuvres des années 80 et 90. Ici, vous trouverez ces peintures fameuses illustrant « L’Enfer » de Dante, tout comme ses sculptures en métal méconnues. Puissantes, ses toiles font ressortir sa maestria hors du commun dans l’usage des couleurs, ardentes et enflammées. Il finit par diluer ses sujets jusqu’à frôler l’abstraction. C’est vers cette période que Garouste commence à se baser sur des textes de la Bible, de la littérature ou de la philosophie pour chacune de ses œuvres. Cette érudition impressionne et émerveille.
La deuxième salle n’est pas moins impressionnante. Elle présente des œuvres monumentales, dont une installation en forme de tente, datant de la même période. Il s’agit d’une véritable saturation d’images, qui peut troubler l’œil non averti. Ce foisonnement sans limite peut être difficilement soutenable. On en ressort grandi, mais vidé.
Un cadre d’exception
Comment ne pas parler du cadre de cette exposition, le célèbre centre national d’art et de culture Georges-Pompidou. Cette institution culturelle, née de la volonté de Georges Pompidou, amateur d’art moderne, est dédiée à l’art contemporain sous toutes ses formes : musique, dessin, livres, spectacle vivant, cinéma, etc.
La construction du centre Pompidou a fait l’objet d’un concours international d’architecture. C’est finalement le projet des architectes Renzo Piano, Gianfranco Franchini et Richard Rogers qui est choisi par le jury présidé par Robert Bordaz. Le centre de 45 000 mètres carré est finalement inauguré en 1977.
L’architecture du centre Pompidou a suscité une vive polémique à ses débuts. En effet, ses canalisations, passerelles métalliques et autres escaliers électriques, traditionnellement dissimulés, sont ostensiblement montrés. Surnommé le centre « Pompidolium » ou encore « Notre-Dame de la Tuyauterie », le centre Pompidou est alors considéré par des critiques acerbes comme un hangar de l’art, une raffinerie de pétrole, une usine à gaz ou encore un fourre-tout culturel. Pourtant, le centre et son architecture, apparemment controversée, remportent un large succès parmi le public français.
En effet, des millions de visiteurs s’y pressent chaque année (2 373 867 visiteurs en 2019, soit 10 595 visites par jour d’ouverture, en moyenne) pour y voir de grandes expos sur l’art. Ces dernières sont situées dans le musée national d’Art moderne ou encore le Centre de création industrielle. En 2019, le Centre Pompidou avait programmé 25 expositions. Celle sur Garouste arrive peu après l’époque du Covid et des confinements à répétition. Cependant, elle est déjà promise à un grand succès.
🎨 Portrait de Gérard Garouste
🎨 Garouste et ses oeuvres : peintures tableaux, sculptures