Gustav Klimt
- 02/08/2016D'un paysage reposant aux traits déroutants d'un visage féminin, la vie artistique de Gustav Klimt est loin d'être une balade paisible. Plongez dans le mouvement de l’art du symbolisme en perpétuelle évolution d'un génie mystérieux à l'extraordinaire succès posthume.
ENCHÈRES ET EN OR
Lorsque Gustav Klimt a fermé ses yeux pour la dernière fois en 1918 à Vienne, emporté par une pneumonie, nul ne se doutait que près d'un siècle plus tard il ferait partie des artistes du symbolisme les plus côtés de l'exigeant et volatile marché mondial de l'Art. Au début de la décennie 2000, plusieurs de ses toiles, de sa période dorée, se négocient aux enchères à des prix flirtant avec l'exorbitant.
Pour preuve en 2006, 135 millions de dollars furent nécessaires pour s'arracher le tableau Adèle Bloch-Bauer I (1907) et près de 327 millions la même année pour un ensemble de cinq œuvres. En tutoyant Vincent Van Gogh ou Pablo Picasso, Gustav Klimt s'est offert un destin posthume brillant et une immortalité sociale dépassant allègrement les frontières de son Autriche natale. Un comble pour cet artiste vilipendé par la critique en son temps et souvent isolé dans un atelier campagnard reculé.
DÉCORATEUR À LA RÉPUTATION SOLIDE
Dans la famille Klimt, quand le père a du travail, on habite dans de petits appartements, quand il perd son emploi, on doit s'installer dans des taudis mal famés de la banlieue de Vienne. Deuxième d'une fratrie de sept enfants, Gustav voit le jour en 1862 à Baumgarten dans cette ambiance populaire. Attiré très tôt par le milieu artistique, cet élève doué suit les cours de l'Université des Arts Décoratifs de Vienne sous la houlette de Ferdinand de Laufberger. Il attaque en 1879 une carrière de décorateur en équipe avec son frère Ernst (1864-1892) et Hans Makart (1840-1884). Sous la bannière de la Compagnie des artistes, le trio honore de nombreuses commandes allant des fresques aux allégories en passant par des emblèmes dans le pur style néo-classique académique. Alors que Hans Makart décède en 1884 et laisse le trio orphelin, c'est la mort de Ernst en 1892, combinée à celle du paternel, qui annonce pour Gustav sa rupture avec l'académisme et l'entrée dans une nouvelle ère.
KLIMT ET LE SYMBOLISME
Décoré en 1888 par la Croix d'or du mérite artistique des mains de l'empereur François-Joseph 1er, Gustav Klimt se lance dans ses premières commandes personnelles avec un petit vécu. Lassé par les modèles académiques, il s'inspire alors des estampes japonaises et du symbolisme pour réaliser des décorations majestueuses mais tant décriées. Pour Klimt, le virage est de toute façon déjà bien amorcé et il officialisera sa rupture totale avec l'académisme en fondant, en avril 1897, avec notamment Josef Olbrich, Koloman Moser, Josef Hoffman, Joseph Maria Olbrich Max de Kuzweil, Josef de Engelhart ou encore Ernst Stöhr, le groupe de la Sécession viennoise. Accompagnée par la naissance de la revue périodique Ver Sacrum, ce groupe réalise de nombreuses expositions qui déchainent les critiques. Le tableau Pallas Athéna est l'un des plus représentatifs de ce mouvement.
L'œuvre maitresse de Gustav Klimt à l'époque est une série de trois allégories peintes sur le plafond de l'Université de Vienne et censées illustrer la Philosophie, la Médecine et la Jurisprudence (1900-1907). Commandées avant son changement de cap, Klimt donne alors dans le symbolisme, les corps décharnés ou encore l'érotisme, à l'opposé de ce qui avait été commandé. Très loin de convaincre la critique malgré une médaille d'or à l'exposition universelle de Paris, ces œuvres déclenchent une véritable affaire d'Etat traitée au Parlement ! Klimt rachètera ses œuvres, qui seront ensuite détruites en 1945 par les nazis. Choisi pour illustrer un bâtiment imaginé par Josef Hoffman en la mémoire de Ludwig van Beethoven, Gustav Klimt présente alors une fresque magistrale de sept panneaux étalée sur 34 mètres et pesant près de 4 tonnes. Approuvée par le chef d'orchestre Gustav Mahler, cette fresque qui représente pour l'artiste l'aspiration au bonheur d'une humanité souffrante cherchant son apaisement dans l'Art, est une nouvelle fois décriée par la critique. Peu perturbé, Klimt s'engage dans un nouveau tournant de sa carrière : le Cycle d'Or.
DÉCOR PUIS DES CORPS
Peu enclin au voyage, Gustav Klimt découvre l'Italie à travers Ravenne ou encore Venise. Dans la Cité des Doges, il tombe en admiration devant les plafonds de la Basilique Saint-Marc et leur profusion d'or. Il se lance alors dans son fameux Cycle d'Or, d'où naitront entre 1902 et 1903 les Serpents d'Eau, le portrait d'Adèle Bloch-Bauer et Danaé, tous marqués par un caractère sacré représentatif des icônes byzantines. Alors qu'il abandonnera l'or en 1908 en même temps que le groupe de la Sécession, Gustav Klimt se réfugie dans son atelier où il passe entre 9 à 10 heures par jour à peindre et dessiner son sujet de prédilection : les femmes.
Personne n'a jamais vu Klimt peindre, toute intrusion dans son atelier était proscrite. Dans sa nécrologie est même inscrit : "Derrière le mur que Klimt a dressé autour de lui, même ses amis n'ont guère pu jeter un œil". Aucun artiste de son temps ne représente le modèle féminin mieux que lui. Traité de pornographe pour ses dessins à l'érotisme exacerbé et cru, il préférait y voir une dimension sacrée et symbolique. Seules œuvres encore disponibles sur le marché de l'Art aujourd'hui, ces dessins se négocient aujourd'hui en dizaines de milliers d'euros. Si Gustav Klimt aimait les dessiner, il eut également une vie remplie à ce niveau là... puisqu'il est géniteur de quinze enfants issus de nombreuses relations. Le seul véritable amour de sa vie restera à jamais Emilie Flöge, à laquelle il écrivait jusqu'à huit fois par jour et dont il immortalisa le portait en 1902. Artiste de génie et homme de mystère, Gustav Klimt, l'enfant chéri de Vienne, eut un jour ces paroles qui résument parfaitement sa vie : "Si l’on ne peut par ses actions et son art plaire à tous, il faut choisir de plaire au petit nombre. Plaire à beaucoup n’est pas une solution".
VASILY TRYNDYK, L'ADMIRATEUR DE KLIMT
L'artiste de la semaine Carré d'artistes®, le Russe Vasily Tryndyk, avoue admirer les Maîtres de l'Ecole Flamande, Marc Chagall mais aussi Gustav Klimt. Membre de l'Union des Artistes de l'ex-URSS, il obtient rapidement une certaine notoriété à Moscou. Redevenu anonyme aux Pays-Bas où il vit maintenant, Tryndyk utilise la brillance de l'huile pour éclairer ses oeuvres. Ses figures mélancoliques d'inconnus sans visages rappellent le monde du spectacle et la Commedia dell'arte. La peinture de Vasily Tryndyk tend à faire renaître des sentiments profonds et enfuis dans l'agitation de la vie moderne.