EXPÉRIENCES PICTURALES ABSTRAITES
Sur les cendres encore chaudes et fumantes de la Seconde Guerre Mondiale est apparu un ensemble de peintres surgis d'Europe et des Etats-Unis. Chefs de file d'un très large spectre d'expériences picturales abstraites, malgré la diversité et la force expressive qui s'expriment alors à l'époque, ils se rassemblent, officieusement, sous la bannière de l'Art informel ou de la peinture informelle. La formule "Art informel" est donnée en 1951 par le célèbre critique d'Art Michel Tapié lors de l'exposition "Véhémences confrontées" tenue en mars de cette même année au sein de la galerie Nina Dausset sur le thème "Tendances extrêmes de la peinture non figurative".Dans cette peinture, l'artiste laisse toute liberté à l'imprévu des matières et à l'aléatoire du geste, réfutant ainsi la maîtrise, le dessin ainsi que la conception traditionnelle de la peinture et de son cheminement qui transforment l'idée en œuvre terminée, passant par les ébauches et les esquisses. Avec l'Art informel, c'est une œuvre ouverte à l'interprétation que le spectateur peut lire et interpréter librement. Rompant avec les poncifs artistiques habituels, l'aventure picturale prend un nouveau tournant, au lieu de partir d'un sens pour construire des signes, l'artiste informel commence par fabriquer des signes pour ensuite leur donner un sens. Le mouvement se concentre sur le processus pictural qui permet au spirituel de s'exprimer librement et immédiatement.
L’ART INFORMEL EN EUROPE
Le contexte international de l'époque joue énormément dans l'apparition de ces nouvelles formes d'expressions. En Europe, pour de nombreux artistes, il n'est désormais plus possible de représenter la réalité de manière figurative, précise, explicite et réaliste. Les yeux sont plein de souvenirs où défilent les images entre guerre, désarroi, atrocités, doutes et avenir sombre. L'expérimentation est alors un puissant moyen de s'engager pour leur propre vérité, et les artistes développent une esthétique abstraite ou informelle pour imager leurs sentiments, leurs impressions et leur expressivité.L'Art informel ne possède pas de bornes et de limites définies clairement et de cette notion découlent alors plusieurs aspects. Ainsi nait le mouvement de l'abstraction lyrique où la liberté plastique et la projection linéaire des couleurs règnent en maître. Le "Tachisme" mais aussi le Matiérisme d'Antoni Tàpies sont également considérés comme Art informel. Exempt de formes reconnaissables, c'est un Art libre et expérimental. Ses principaux représentants européens se nomment Pierre Soulages, Jean Fautrier, Jean Dubuffet, Wols Alberto Burri, Emil Schumacher ou encore Georges Mathieu.
L'EXPRESSIONNISME ABSTRAIT AMÉRICAIN
De l'autre côté de l'Atlantique, la volonté est aussi puissante de rompre avec l'influence du cubisme et du surréalisme ainsi que de tous ses principes picturaux propres comme la forme, l'harmonie tonale, l'équilibre parfait, les proportions, la composition unitaire ou la structuration centralisée. Contrairement à l'Europe, les nouvelles conditions économiques florissantes, sociales, politiques et artistiques suscitent une nouvelle manière de penser la peinture. L'expressionnisme abstrait voit alors le jour avec toute une génération d'artistes vivant à New York.Comme en Europe, cet expressionnisme abstrait qui est un Art informel, se répartit en plusieurs branches dont les deux principales sont l'Action Painting et le Colorfield Painting. Le premier cité est principalement incarné par Jackson Pollock, Willem de Kooning ou Franz Kline, tandis que le second se retrouve dans les œuvres de Mark Rothko, Clyfford Still ou Barnett Newman.
HILDE WILMS, L'IMPRESSION DES SENTIMENTS
Particulièrement touchée par l'Art informel et les artistes comme Antoni Tàpies, Emil Schumacher ou Gerhard Richte, la peintre allemande Hilde Wilms décrit son œuvre comme l'expression de ses sentiments et de sa pensée intérieure. La peinture abstraite de Hilde est avant tout une peinture d’atmosphère. Au départ, elle aime se laisser guider par son inspiration. Au gré des formes et des couleurs, Hilde Wilms interroge le papier, son support de prédilection. Progressivement l’œuvre prend forme et le motif apparaît… La peinture de Hilde n’est pas un travail de concept mais réellement d’impressions. Hilde Wilms sort d’elle-même des sensations, des images, des formes ou des couleurs qu’elle a vécues. Le résultat la surprend toujours et elle s’interroge elle-même sur la signification de certaines toiles. La peinture est un véritable exutoire qui permet à Hilde d’extérioriser enfin tout ce qu’elle porte en elle.