BILBAO, UNE VILLE A RECONSTRUIRE
Alors que le monde entier pleurait la disparition de la Princesse de Galles et du commandant Cousteau, alors que l'environnement connaissait un nouveau tournant avec la signature du protocole de Kyoto, la ville de Bilbao traversait l'année 1997 sans se douter du destin proche qui l'attendait, celui de l’art. En plein cœur des nineties, ancienne cité industrielle, marquée au fer rouge par la sidérurgie et la chimie, la capitale de la Biscaye est plongée dans une grisaille morose et sinistre. Guettée par le chômage de masse, encastrée entre sept collines et cisaillée par le fleuve Nervion, aux eaux saumâtres, nauséabondes et polluées par les usines désaffectées, Bilbao fait fuir les visiteurs. Les touristes avides d'aventures en Pays Basque, préfèrent alors poser leurs valises du côté de la très chic et romantique, station balnéaire, de San Sebastian, délaissant alors la morne Bilbao. Pourtant, vingt ans plus tard, si San Sebastian est toujours aussi élégante, Bilbao elle, est flamboyante.
LE MUSÉE GUGGENHEIM, LE MIRACLE DE BILBAO
Plus de 20 millions de visiteurs se sont pressés dans ses rues, ses restaurants et ses hôtels qui ont vu leurs réservations doubler. Bilbao offre aujourd'hui un visage lumineux et coloré où s'harmonisent immeubles modernes, espaces verdoyants et pistes cyclables, parachevées par la silhouette spectaculaire d'un écrin pensé et construit par l'architecte américain Frank Gehry.
Pourtant, en 1991, lorsque ce projet de Musée Guggenheim fut évoqué par les autorités basques, c’était un véritable pari aux accents audacieux. "Il y avait très peu d’exemples montrant qu’un investissement dans la culture de l’art pouvait tirer toute une région", se souvient Juan Ignacio Vidarte. Comme les villes locomotives du XXème siècle, Bilbao, en pleine reconversion industrielle, connaissait alors un chômage de masse. D’anciennes installations portuaires avaient fait apparaître un vaste terrain sur l’estuaire du Nervion, propice à accueillir le futur musée Guggenheim. "Le projet s’inscrivait dans un programme beaucoup plus vaste d’investissements dans des bâtiments et des infrastructures de transport, confiés à de grands architectes", souligne Juan Ignacio Vidarte. Norman Foster, Arata Isozaki, Rafael Moneo, César Pelli, Santiago Calatrava ont tous participé ainsi à la métamorphose et la diversification de Bilbao, aux côtés de Frank Gehry. Inauguré le 19 octobre 1997, le musée-sculpture Guggenheim, couvert d’étincelantes plaques de titane, est d’emblée devenu une enseigne spectaculaire pour toute la région.
Une chance ? Une aubaine ? "C'est un véritable miracle que le musée Guggenheim se soit installé à Bilbao. Ici, c'était une décharge de ferraille", confie son ancien maire, Ibon Areso. Si, à la genèse du projet, les bilbotarras "ne voient pas comment un musée d’art pourrait servir de moteur économique" et craignent "l'invasion d'un modèle culturel américain", la construction du musée Guggenheim, accompagnée d'une note salée de 133 millions d'euros, est un pari totalement réussi.
En un an à peine, le musée avait déjà contribué à hauteur de 144 millions d'euros à l'économie du Pays Basque, accompagnant la reprise de la croissance et la baisse du chômage jusqu'à l'un des niveaux les plus bas de la péninsule Ibérique. En six ans, l'investissement de départ a été intégralement remboursé. Mieux encore, selon la région Basque, en 2007, le musée Guggenheim contribue à hauteur de 1,57 milliard d'euros au PIB régional. Par ailleurs, 45 000 emplois ont vu le jour grâce cette construction futuriste. Le musée connaît, en effet, un succès croissant. Tout à coup, Bilbao devenait LA destination à la mode. Grâce à l'impulsion donnée par cette structure hors normes, la ville basque prenait son élan vers un destin entièrement nouveau. Galopant hors du cercle des villes moyennes où l'avait confinée le déclin de ses chantiers navals, elle se taillait la part du lion sur la carte du monde. C'était le début de ce que l'on appelle "l'effet Guggenheim" : une véritable détonation qui a durablement marqué le monde de l'urbanisme et celui de l'architecture. Car le musée de Guggenheim a servi de locomotive urbaine pour remodeler le paysage industriel de la ville. Depuis dix ans, Bilbao accumule les prix d'urbanisme. En 2004, la ville a ainsi été désignée, lors de la Biennale de Venise, meilleur projet urbain au monde. Depuis, de nombreuses villes espagnoles et européennes ont sollicité Frank Gehry pour qu'il reproduise "l'effet Bilbao". Mais l'architecture "n'est qu'une petite pièce d'un puzzle complexe", annonce-t-il humblement. "Le changement provient d'un processus beaucoup plus complexe et profond que la simple construction d'un musée".
A VINGT ANS, RIEN N'EST IMPOSSIBLE
"Vingt ans après, le bâtiment a bien vieilli et ne nécessite pas de travaux importants de rénovation. Il s’est montré très stable du point de vue de la climatisation des salles, essentielle pour un musée", relève Juan Ignacio Vidarte, le directeur général. Un espace a dû simplement être reconverti pour présenter des vidéos et des films et de nouvelles réserves extérieures aménagées pour abriter la collection riche aujourd’hui de 130 œuvres de 74 artistes. En revanche, la structure Guggenheim rêve aujourd’hui de s’étendre. "Ce n’est encore qu’un projet soumis à la réflexion des autorités basques mais un nouveau bâtiment modulable permettant des expériences muséales différentes, plus interactives, pourrait servir à nouveau de référence pour ce XXIème siècle".
En 2016, le musée Guggenheim de Bilbao, enflammé par ses expositions Andy Warhol, Louise Bourgeois et Francis Bacon, a battu des records de fréquentation avec 1,17 million de visiteurs, renouant ainsi avec les chiffres atteints lors de son année inaugurale. Un signe de l’insolente santé de cette institution pionnière, 20 ans après son ouverture dans une ville sinistrée par la crise industrielle. Deux décennies marquées par 93 expositions temporaires et 70 présentations de la collection permanente, qui ont attiré au total 19,347 millions de visiteurs, dont 61 % d’étrangers.
Pour fêter dignement ses vingt ans, le Musée Guggenheim a dévoilé un programme alléchant : Une exposition sur « Paris fin de siècle » (depuis le 12 mai), une rétrospective du vidéaste Bill Viola (dès le 30 juin), une monographie sur Anni Albers, pionnière de l’art textile (en octobre) et enfin une exposition de sculptures intitulée "L’Art et l’Espace " (en décembre) marqueront la programmation. Les "Héros" du peintre allemand Georg Baselitz (dès le 14 juillet), des portraits de David Hockney (en novembre), et des vidéos de Pierre Huyghe, puis Ken Jacobs et Amie Siegel seront aussi de la fête. Enfin, les institutions culturelles de toute la région ont été invitées à concocter une centaine d’événements en lien avec le musée. Bref, une année qui s’annonce chargée pour un musée qui, plus que jamais, est tourné vers l’avenir et les nouvelles technologies pour présenter les artistes de notre temps dans des conditions toujours originales et optimales.
FRANÇOISE SOIZEAU
Native du Pays Basque, Françoise vit et travaille à Anglet, ville dans laquelle elle a participé à de nombreux salons de peinture autant dans des salons d’art que lors d’expositions collectives. Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées dont l’une à l’hôtel Miramar de Biarritz et plus récemment au cinéma Atalante de Bayonne. Membre du collectif « Post-Pictura, Pictura est », elle participe depuis 1993 à de nombreux ateliers de peintures.
Peu importe finalement pour Françoise que sa peinture soit abstraite ou figurative. Ce qui compte avant tout, c’est la matière. En utilisant différentes techniques et différents supports, en jouant avec les traces, les signes et les écritures, elle tente de faire revivre des souvenirs lointains. Si chacune de ces œuvres est différente, on y retrouve la sensibilité de l’artiste qui joue avec les traces, les empreintes, les signes et les écritures en ayant recours au collage ou en incluant dans ses œuvres des objets rouillés. Un seul objectif : susciter l’émotion. Ses œuvres figuratives se déclinent en différents thèmes, dans lesquels elle fait revivre des femmes du temps passé avec les techniques du XXIème siècle. L’enfance, moment fragile et magique à la fois, est souvent présente dans ses œuvres.