D’autres ont joué avec la peinture de façon plus brutale : il y a l’Italien Lucio Fontana, dont les toiles portent la trace de coups de poignards, ou Niki de Saint Phalle, qui organisait des séances de tirs sur des toiles blanches. Alberto Burri a joué avec la peinture en relief grâce à aux craquelures naturelles de la peinture en les grossissant, et les a si bien mises en valeur qu’elles semblent être un sol sec porté sur le mur ! Nombreux sont également les artistes à utiliser la peinture sculpturale et à mélanger les matières. Pablo Picasso mélangeait papier journal et cordelette au milieu de ses motifs.
César a été loin dans la démonstration d’une peinture sculpturale, avec des Expansions en polyester qui imitaient l’acrylique brillante qui coule sur le sol… Plus insolent peut-être, l’Américain Richard Jackson et ses installations aux couleurs vives : l’artiste frottait ses toiles sur le mur (comme des pinceaux !) pour étaler la peinture avant d’être retournées et accrochées. La boucle est bouclée !
LAURENCE MORACCHINI , LA MATIÈRE DE LA PEINTURE
Après avoir pendant quelques temps exploré l’art figuratif, Laurence Moracchini, elle aussi, envisage la peinture sculpturale comme le tremplin de mille et une expérimentations. Celle-ci travaille en premier lieu ses fonds, les recouvrant de peinture, les grattant ou jouant avec les lignes des coulures de peinture. Puis, des compositions abstraites naissent sous ses larges spatules recouvertes d’acrylique mélangée à de la poudre de marbre. Laurence Moracchini s’amuse à créer des peintures avec la superposition des couches et de matière, qu’elle travaille avec un soin d’orfèvre – tout en étant attentive à la poésie du hasard et de l’aléatoire des matières.