Qui était Louise Bourgeois ?
Née le 25 décembre 1911 à Paris de parents restaurateurs de tapisseries anciennes, Louise Joséphine Bourgeois est une artiste plasticienne et sculpteuse française (naturalisée américaine) célèbre pour ses sculptures et ses œuvres monumentales décalées. Son travail s'inspire essentiellement de l'expressionnisme abstrait, mais aussi du surréalisme, du modernisme et de l'art féministe.
Très jeune, Louise fait ses premières expériences artistiques dès l'âge de 10 ans dans l'atelier de ses parents. Elle les assiste dans la réalisation des dessins de tapisseries. Au cours de son adolescence, Louise vit une expérience qui aura une influence majeure sur sa vie d'artiste : son père se lie avec la nounou qui s'installe dans la maison familiale sous les yeux impuissants de sa mère.
Elle étudie par la suite les Beaux-Arts dans plusieurs académies de Paris puis à l'École du Louvre dès 1936. Le jeune Louise rencontre en 1937 Robert Goldwater, un historien d'art américain, qu'elle épouse et avec qui elle part s'installer à New York où elle vivra le restant de sa vie. Mère de trois enfants, Louise Joséphine Bourgeois meurt le 31 mai 2010 à l'âge de 98 ans.
louie bourgeois « engagée et agrippée »
À New York, Louise Bourgeois suit des cours du soir à l'Art Student League. Elle fréquente le milieu surréaliste constitué d'artistes français installés aux États-Unis. Elle côtoie ainsi des artistes tels que Marcel Duchamp, Yves Tangy, Vaclav Vytlacil et Le Corbusier.
Sa première exposition en 1945 marquera le début de sa carrière d'artiste. Bien que proche des courants artistiques de son époque, Louise Bourgeois se définit comme une femme enragée et agrippée qui ne se laisse pas « ratiboiser ».
Elle affiche ainsi une liberté dans son art qu'elle voyait comme une thérapie. Elle suivra d'ailleurs dès 1951, à la mort de son père, et pendant 30 ans, une cure psychanalyste pour surmonter le traumatisme subi dans son enfance du fait de l'infidélité conjugale de son père.
« Je suis une femme, je n'ai donc pas besoin d'être féministe », déclarait Louise Bourgeois qui ne se réclame pas féministe. Elle apporte toutefois, dès les années 70, son soutien à plusieurs artistes et activistes féministes. Elle participe à plusieurs expositions féministes du Mouvement de libération des femmes. Le monument de Steilneset en Norvège, sa dernière grande réalisation, entre 2006 et 2010, est une commémoration des femmes exécutées durant le procès des sorcières de Vardo. Le 21 septembre 2008, l'artiste reçoit à New York la Légion d'honneur des mains du Président de la République française Nicolas Sarkozy. Plusieurs autres distinctions et hommages sont également décernés à l'artiste, aussi bien aux États-Unis qu'en Europe.
Louise Bourgeois oeuvres majeures
Au début de sa carrière, dans les années 40, Louise pratique le dessin, la peinture et la gravure.
Elle explore des thèmes centrés sur la maternité, la procréation et la famille. Une série de toiles titrées les « femmes-maisons » représentant le corps féminin portant une maison sur les épaules fut sa réalisation majeure à cette époque. Ce sont d'ailleurs ces œuvres, décrivant la femme comme le centre du foyer domestique, qui lanceront la carrière de l'artiste.
Dans les années 50, Louise abandonne la peinture pour la sculpture. Ses réalisations prennent alors des formes longitudinales sous forme de totems qu'elle dénomme « Personnages ». La mise en scène des personnages dans l'environnement lui permet alors d'affronter le mal du pays qui l'affectait à l'époque.
À partir de la fin des années 60, Louise remet en lumière les thèmes de la maternité et de l'érotisme déjà présents au début de sa carrière.
Elle réalise ainsi plusieurs œuvres dont les plus emblématiques sont :
- Fillette, 1968 : une sculpture faite de plâtre et de latex sous la forme d'un pénis géant
- Janus Fleuri, 1968 : une sculpture bipolaire inspirée du dieu romain et symbolisant la dualité mêlant sexe féminin, phallus, seins et épaule
- Cumul I., 1969 : une œuvre sculpturale composée de bulbes émergeant d'un voile plissé
- Destruction du père, 1974 : une installation représentant une scène de crime, l'assassinat sanglant d'un père dominateur par ses enfants révoltés au cours d'un repas familial
- Maman, 1999 : un moulage en acier d'une araignée géante qui symbolise la mère protectrice
- Cellule, 2008 : grandes cages métalliques renfermant divers objets
À la fois surréaliste et minimaliste, mêlant subtilement géométrie abstraite et réalité organique, le travail de Louise Joséphine Bourgeois échappe aux standards classiques de l'art moderne.
Durant toute sa carrière, elle a exploré des thématiques variées telles que les rapports humains, l'amour, la procréation, la famille ainsi que la sexualité qui reste très présente dans ses créations. Les souvenirs d'enfance, marqués par les tensions familiales et l'autoritarisme de son père infidèle, seront la principale source d'inspiration de Louise. Elle a dessiné, tissé, peint et sculpté. Elle a aussi travaillé sur divers matériaux tels que le bois, l'acier, le marbre, le latex, le plâtre et autres.
Louise Bourgeois l'araignée et la maternité
Nous nous intéressons tout particulièrement à la centration de Louise Bourgeois sur l'araignée, une thématique qui occupe une place importante dans son art, symbolisant la maternité, la mère protectrice. « L'araignée est une ode à ma mère. Comme les araignées, ma mère était tisserande et très intelligente. Les araignées sont des présences amicales qui dévorent les moustiques. Nous savons que les moustiques propagent les maladies et sont donc indésirables. Par conséquent, les araignées sont bénéfiques et protectrices, comme ma mère », confie l'artiste.
« Maman » est une sculpture d'araignée femelle géante de près de dix mètres de haut en acier inoxydable. Créée en 1999 par la plasticienne américaine, cette œuvre reste l'une de ses créations phares. C'était une commande du Tate Modern à Londres pour son "Turbine Hall". D'autres répliques en bronze de « Maman » sont également exposées à Bilbao, Ottawa, Tokyo, Saint-Pétersbourg et autres. Mais les premiers dessins d'arachnide de Louise, Spider, remontent à 1947. En 1994, l'artiste réalise la première sculpture Spider d'environ un mètre de hauteur. Ce fut le début d'une série qui se poursuivra jusqu'en 1999.