Comprendre la naissance du surréalisme
La naissance du surréalisme
Il prône donc la création libre, sans souci d'esthétisme, de logique ou de morale et s'exprime par des idées destructrices et provocatrices.
En effet, les revendications trop agressives ne le séduisent pas et l'incitent à imaginer une tendance certes tournée vers la révolte, mais plus positive.
Le fantasque, l'insolite et parfois le sordide vont se côtoyer pour dénoncer la société de l'époque.
Le mouvement surréaliste fait son apparition en littérature dans Le premier Manifeste du Surréalisme rédigé en 1924 par André Breton.
Il y fait l'éloge de l'écriture automatique, sans réflexion préalable.
Selon lui, dans la production artistique, la conscience et la volonté doivent être inhibées au profit d'images oniriques.
Influencés par les idées de Freud, les surréalistes explorent les rêves et l'inconscient et les expriment dans leur art.
Une œuvre surréaliste n'est pas une interprétation des rêves, mais la mise à nue esthétique de leur contenu.
Dès 1925, une première exposition réunit Giorgio De Chirico, Jean Arp, Man Ray, Joan Miró, Paul Klee, Max Ernst, Pierre Roy et Pablo Picasso.
S'initier au surréalisme avec Miró
Pour André Breton, « Miró est le plus surréaliste de tous »
Pourtant ce dernier se revendique libre de toute appartenance. Dans La Sieste initiée en 1924, il peint son univers onirique sur un fond bleu clair.
De larges formes circulaires créent le mouvement de l'eau ou du ciel. Elles matérialisent ainsi le domaine des rêves. De cette toile monochrome surgit un ensemble de signes. Certains dessins sont géométriques et s'inspirent des œuvres surréalistes de Paul Klee : un carré symbolise la maison et un cercle en pointillés traduit le rythme d'une ronde de danseurs.
L'esquisse d'origine est plus explicite, mais Miró s'est ensuite appliqué à simplifier son tableau. Ses croquis initiaux montrent une femme allongée devant sa demeure. Un cadran solaire y indique midi, l'heure de la sieste. On aperçoit plus loin la cime des montagnes (sorte de parapluie à l'envers) et des personnages qui dansent une farandole.
La même année, il laisse libre cours à un style plus coloré, mais tout aussi ésotérique. Le Carnaval d'Arlequin traduit les hallucinations de l'artiste.
En état de transe, affamé, il peint cette toile dans une période de difficulté financière. On y découvre des créatures étranges (mélange d'hommes et d'animaux) et des ustensiles fantasques détournés de leur usage habituel.Un automate joue de la guitare à côté d'un arlequin à longues moustaches.
Ils sont entourés d'une multitude de bêtes fantastiques (un oiseau aux ailes bleues, deux chats avec une pelote de laine, un poisson volant, un insecte sorti d'un dé) et d'objets multicolores (une échelle à oreille unique, un cône qui symbolise la Tour Eiffel).
Le tout donne une sensation de désordre.
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Observer le surréalisme dans un trompe-l'œil de Magritte
Magritte est considéré comme le maître du surréalisme belge
Après 3 années passées au côté du mouvement français, il s'en détache et revient à Bruxelles. Il se distingue d'André Breton en prônant une démarche réfléchie.
Dans ses peintures, l'objet réel est dissocié de son univers originel. Il joue ainsi sur l'ambiguïté entre les mots, leurs significations et la représentation qu'il en fait.
Le Faux miroir, œuvre surréaliste de 1928 laisse paraître un œil en gros plan. L'iris est remplacé par un ciel bleu et quelques nuages blancs cotonneux.
L'œil est déshabillé de ses cils et peut facilement se comparer à une fenêtre ouverte sur l'extérieur. Cette peinture surréaliste a fait l'objet de nombreuses interprétations.
Un peu dérangeante, on se sent à la fois observateur et observé, l'œil voit une réalité subjective, telle qu'il la désire ou l'imagine. En ce sens, il s'oppose au miroir qui se contente de refléter une image sans l'analyser.
Certains y notent un besoin profond de Magritte : une envie de tranquillité et d'apaisement dans la période obscure qu'est l'entre-deux-guerres.
En 1929, il peint La trahison des images. Sous le dessin de la pipe, il appose cette phrase : « Ceci n'est pas une pipe ». Il cherche à susciter le mystère et à provoquer la réflexion chez son spectateur.
Il expliquera son œuvre en indiquant que la représentation de l'objet n'est pas l'objet lui-même. En d'autres termes, il ne faut pas se fier aux apparences. *
Ses toiles extraient des ustensiles de leur environnement originel et les transposent dans une réalité qui n'est pas la leur. Il fait ainsi place à l'imagination par des effets de trompe-l'œil.
Admirer le fantasque dans la peinture surréaliste de Dali
Les oeuvres surréaliste de Salvador Dali
On le voit, la peinture surréaliste a accueilli en son sein des personnalités diverses.
Mues par cette même volonté d'introspection, les œuvres surréalistes de Dali sont les plus fantasques et énigmatiques.
Un brin mégalomane, Dali développe sa propre technique qu'il nomme « paranoïa-critique ».
Utilisant sa paranoïa et les obsessions qui en découlent, il s'emploie à les contrôler voire à les provoquer à des fins créatives et critiques.
Pour La persistance de la mémoire, de 1931, Dali a procédé selon sa méthode. Quatre horloges déformées, « montres molles » s'étalent, sans fonctionner. Dali aurait eu l'idée de peindre ces montres fondues après avoir observé un camembert coulant. Il les adjoint à un tableau préexistant, plus lumineux, celui d'un paysage catalan : les falaises du port de Lligat, souvenir de son enfance. Certains retrouvent dans cette œuvre les symboles de la mort : le temps s'est arrêté, une montre à gousset est recouverte de fourmis (symbole de décomposition et de putréfaction pour Dali) et l'olivier se meurt.
D'autres croient y voir des références à un profond sommeil. En effet, au premier plan la forme humanoïde pourrait être un autoportrait.Elle semble endormie accréditant la thèse d'un voyage onirique. La mémoire serait ainsi considérée comme l'outil le plus efficace pour figer le temps.
Quelle a été l'influence de la femme dans le surréalisme ?
N'oublions pas la femme, véritable muse pour les artistes surréalistes
Elle est constamment représentée dans leurs œuvres, alimentant les fantasmes de leurs instigateurs. La figure féminine ne sera pas qu'une source d'inspiration, elle participe également au mouvement surréaliste dans son activité créative. Elles ont aussi exprimé avec leurs pinceaux leur révolte, bien souvent celle d'une société trop patriarcale.
Citons Leonora Carrington, Claude Cahun ou Leonor Fini. Enfin, Frida Khalo est considérée comme un symbole du féminisme surréaliste après sa rencontre avec André Breton et sa femme en 1939. Elle témoigne dans ses toiles de sa souffrance physique et morale jouant des contrastes avec les couleurs et les codes de la peinture mexicaine.