Portrait de Gustave Courbet : Un artiste en rupture
Au beau milieu du paysage artistique de la première moitié du XIXᵉ siècle en France, Courbet apparaît paradoxalement à la fois comme un miroir et comme une météorite. Le peintre représente en effet tour à tour l’ensemble des courants esthétiques qui dominent le monde des arts français, tel que le Romantisme, incarné en peinture par Eugène Delacroix. Mais il est également l’éternel insatisfait, constamment à la recherche de ce que son ami, le poète Charles Baudelaire, nomme « le nouveau ». C’est pourquoi, fort de ses ambitions réformatrices, Il est aujourd’hui considéré comme le fondateur d’un courant esthétique tout à fait novateur dans la peinture du milieu du XIXᵉ : le Réalisme.
UNE JEUNESSE PROVINCIALE
C’est dans le Doubs, dans le village d’Ornans, le 10 juin 1819, que le jeune Gustave (Jean-Désiré Gustave pour l’état civil) voit le jour. Issu d’une famille de riches paysans propriétaires fonciers, il est l’aîné d’une fratrie de cinq enfants dont il est le seul garçon.
Jusqu’à l’âge de 20 ans, le jeune homme explorera les paysages de sa région natale. Ces terres du Doubs, caractérisées par les crêtes calcaires qui bordent l’horizon, resteront l’un des décors favoris de nombre de ses œuvres majeures, telle que son fameux « Enterrement à Ornans », réalisé entre 1849 et 1850 et qui scandalisa les défenseurs de l’académisme pictural lors de sa première exposition au salon de 1850.
Ses études au Petit Séminaire d’Ornans l’amènent à fréquenter les cours du père Claude-Antoine Beau, un ancien élève de l’artiste préromantique Charles-Jean Gros (1771-1835), qui l’initie au dessin. De cette période date le premier de ses autoportraits, sobrement intitulé « Autoportrait, à l'âge de 14 ans ». En 1837, il rejoint le Collège Royal de Besançon où il fréquente le cours de peinture de Charles-Antoine Flajoulot (1774-1840). Peu enclin à la discipline requise pour des études classiques, le jeune Gustave se tourne délibérément vers les arts graphiques.
LA VIE PARISIENNE ET LA DÉCOUVERTE DES GRANDS MAÎTRES
1839 marque l’arrivée du jeune homme dans la capitale et c’est là que l’artiste en devenir qu’il était va éclore.
Initialement envoyé dans une commune de Paris par son père afin qu’il s’inscrive à l’École de Droit, le jeune homme délaisse bien vite ces études ennuyeuses et se livre à plein temps à la peinture. Durant cette période, il fréquente assidûment les ateliers de Charles de Steuben (1788-1856) et de Charles Suisse (1813-1871). Le Romantisme dominant de cette première moitié du XIXe imprègne ses premières toiles.
Comme tout artiste investit dans son apprentissage, il passe des heures au Louvre où il s’exerce à copier les plus grands : Rembrandt, Rubens, Caravage ou Titien. Il s’initie à l'œuvre de Vélasquez et il admire particulièrement Géricault et Delacroix.
L'éclosion de l'artiste ou l'avènement du réalisme
Le début des années 1840 voit l’évolution de l’artiste peintre vers une esthétique et des thématiques qui deviendront jusqu’à la fin sa marque de fabrique. Après les avoir admirés, il se détourne sensiblement des peintres romantiques, notamment sous l’influence de son ami, Charles Baudelaire, qui l’incite à tracer sa voie et à représenter la réalité du monde dans toute sa beauté comme dans sa laideur, sans fard ni artifices.
C’est de cette époque que datent des œuvres emblématiques qui traduisent la mutation de l’artiste. On retiendra entre autres :
• « Le Désespéré », autoportrait halluciné réalisé lors d’un séjour au Havre en 1841
• « Courbet au chien noir », autre autoportrait daté de 1842 et qui vaudra à l’artiste la reconnaissance du Salon de 1843
• « Un Enterrement à Ornans », œuvre fondatrice du courant réaliste en peinture, réalisée entre 1849 et 1850 et qui fit scandale au Salon de cette même année.
COURBET, ENTRE RADICALITÉ ET SCANDALE
On date habituellement en 1848 la rupture définitive de Courbet avec ses premières influences romantiques. À partir de cette date, le peintre oscille entre reconnaissance, acceptation et rejet de la part du monde des arts.
En 1848, l’artiste est exposé au Salon qui accepte une dizaine de ses toiles, lesquelles lui valent la reconnaissance du public ainsi qu’une amitié solide et durable avec le critique d’art Jules François Félix Champfleury (1821-1889). L’année suivante est celle de la consécration officielle puisque l’État lui achète sa première toile en grand format (huile sur toile, 195 cm par 257 cm) qualifiée de réaliste, « Une après-dînée à Ornans ».
Mais c’est également à cette époque que Courbet, refusant tout compromis dans son esthétique, entend placer son art au service de l’humain dans son quotidien le plus ordinaire. Ce faisant, il s’impose comme le maître du Réalisme en peinture, bouleversant les codes jusqu’ici établis et défendus par un académisme qu’il juge trop conservateur.
Ainsi, en 1855, alors que l’Académie rejette les innovations du courant réaliste et que les œuvres de l'artiste sont refusées à l’Exposition universelle de Paris. Refusé au salon, celui-ci installe devant l’entrée une immense tente baptisée « Pavillon du Réalisme », sous laquelle il expose 43 de ses toiles.
la dynamique courbet en deux toiles emblématiques
S’il fallait résumer la quête esthétique de l'artiste, deux œuvres s’imposent :
• Un Enterrement à Ornans (1850)
• L’Origine du monde (1866)
Un Enterrement à Ornans
Considérée comme le manifeste du Réalisme pictural, « Un Enterrement à Ornans », aujourd’hui exposée au musée d’Orsay, constitue une rupture radicale avec les codes passéistes que refusait l'artiste. Le format (3 mètres sur 6 mètres), réservé traditionnellement à des thèmes héroïques ou religieux, est déjà à l’époque sujet à polémique. En effet, la toile montre une scène du quotidien, l’inauguration à Ornans du nouveau cimetière un jour d’enterrement.
Le tableau représente l’ensemble des villageois réunis autour d’une sépulture dans laquelle on s’apprête à descendre un cercueil. Les personnages ne sont autres que les véritables habitants d’Ornans ainsi que des membres de la propre famille de l'enfant du pays.
Une certaine presse se déchaîne contre la toile, allant jusqu’à railler de la manière la plus cruelle la supposée laideur des modèles de l’artiste peintre.
L'origine du monde
Œuvre sans doute la plus sulfureuse de l’artiste, « L’Origine du monde », qui figure en bonne place au musée d’Orsay depuis 1995, continue encore aujourd’hui de déclencher des réactions hystériques chez certains « bien pensants ». La toile de 46,3 cm par 55,4 cm, représente en effet le corps dénudé d’une femme, cadré au niveau du buste et des cuisse, exhibant ainsi en son centre le sexe de celle-ci.
Il s’agissait pourtant au début d’une commande privée de la part du diplomate turco-égyptien Khalil-Bey (1831-1879) qui souhaitait un portrait nu de sa maîtresse. Ruiné, il se sépare de sa collection d’art et le tableau disparaît durant plusieurs années. Retrouvé, il intègre en 1995 le musée d’Orsay. On découvrira en 2018 la partie supérieure du tableau, qui aurait par conséquent été l’objet d’une découpe en deux éléments séparés. Cette seconde moitié de la toile a permis d’identifier le modèle. Il s’agit de Constance Quéniaux, comédienne de 34 ans et maîtresse de Khalil-Bey.
Gustave Courbet, L'origine du monde, 1866
LA FIN DE L’ARTISTE
Les années 1870 voient s’accumuler les dettes de l’artiste en même temps que décline sa santé. Installé en Suisse au bord du lac Léman, c’est là qu’il décède le 31 décembre 1877 1877. Il faudra attendre 1919 pour que ses restes soient rapatriés à Ornans.
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