De Claude Monet à Joan Mitchell, un dialogue impressionniste à travers le temps
- 24/09/2022On ne présente plus l'ermite de Giverny et l'auteur des Nymphéas. L’artiste reconnu comme le pape de l’art impressionniste depuis son œuvre majeure « Impression, soleil levant », présentée lors de la première exposition impressionniste en 1874, s’est imposé tout au long de sa carrière comme l’un des phares de la peinture de la seconde moitié du XIXᵉ siècle. Ce que l’on sait peut-être moins de lui, c’est l’immense l’influence qu’il a pu avoir sur les générations d’artistes qui lui ont succédé, et ce, à l’échelle internationale.
C’est particulièrement le cas de la peintre américaine Joan Mitchell, elle-même reconnue au travers de ses toiles et à presque un siècle d’écart, comme l’héritière de l'art abstrait. Dès lors, le dialogue à distance de ces deux monstres ne manque pas de passionner et d’interroger tous ceux qui manifestent une appétence pour l’univers de la peinture. C’est pourquoi, du précurseur Monnet à l’actrice Mitchell, Carré d’artistes ne pouvait faire l’impasse sur l’œuvre et le travail de ces deux monuments de l’impressionnisme au travers notamment de sa collection inspirée des tableaux de l'auteur des Nymphéas.
Monet, de l’artiste précoce au pape de l’impressionnisme
Né en 1840 à Paris, le jeune Claude grandit au havre où sa famille s’installe alors qu’il n’a que cinq ans. Très tôt, il révèle son goût pour les arts graphiques et, alors qu’il n’est encore que lycéen, il est déjà l’objet d’une certaine notoriété grâce aux caricatures qu’il dessine et qu’il parvient même à exposer dans le magasin de fournitures de dessin qu’il fréquente assidument. C’est là que l’artiste Eugène Boudin (1828-1884) découvre son travail, l’encourage vivement à développer son talent et l’invite à venir peindre en plein air avec lui. C’est ainsi que naît la vocation d’artiste de Monet qui déclarera plus tard à propos de Boudin : « Par le seul exemple de cet artiste épris de son art et d'indépendance, ma destinée de peintre s'était ouverte. ».
L’indépendance revendiquée de Monet face aux poncifs de la peinture académique créeront des tensions entre sa famille et lui mais à partir de l’été 1862 sa rencontre avec l’aquarelliste paysagiste hollandais Johan Barthold Jongkind (1819-1891) marquera une évolution radicale dans sa recherche esthétique. L’artiste peintre déclarera à son propos : « il fut à partir de ce moment mon vrai maître, et c'est à lui que je dois l'éducation définitive de mon oeil ».
La carrière de Monet se poursuivra et dès le milieu des années 1860 il acquerra la reconnaissance de ses pairs et se liera avec les plus grands tels que Renoir, Sisley et même Zola. C’est la période de ses premières œuvres marquantes telles que le « Déjeuner sur l’herbe » en 1865, qui lui vaudra les félicitations de Courbet et de Zola. Il faudra pourtant attendre 1874 et la première exposition impressionniste lors de laquelle Monet expose sa toile « Impression, soleil levant » pour qu'il s’impose comme le fondateur de ce nouveau mouvement.
De l’impressionnisme à l’impressionnisme abstrait
La naissance du mouvement impressionniste est étroitement liée au Salon de Paris. Ce salon se tient tous les ans à partir de 1863 et constitue la meilleure opportunité pour les jeunes artistes de faire découvrir leur travail. Néanmoins, nombre d’entre eux, considérés comme trop novateurs par les jurés, se voient écartés d’emblée. C’est ainsi que nait le Salon des Refusés où éclora toute une génération appelée à marquer l’histoire des arts.
À la fois recherche esthétique et mouvement pictural, l’impressionnisme témoigne des évolutions socio-économiques et culturelles du XIXᵉ siècle. Explorant des thématiques nouvelles comme la modernité et le plein air, il se caractérise notamment par un style empreint de rapidité où la touche du pinceau cherche à libérer le caractère éphémère de la lumière et ses effets changeants sur les couleurs et les formes.
Il faudra attendre l’après seconde guerre mondiale pour que naisse sur la côte est américaine le courant impressionniste abstrait. C’est entre autres grâce à Elaine de Kooning, elle-même peintre, critique d’art et épouse de l’artiste Willem de Kooning, que ce courant interroge les influences du maître de Giverny sur la jeune garde américaine, dont l’une des représentantes majeures est Joann Mitchell. Ce courant partage avec l’œuvre tardive des impressionnistes français un goût certain pour l’observation de la nature et une recherche constante, voire un questionnement, des effets de la luminosité sur la représentation du monde réel.
Joann Mitchell, l’héritière du maître de Giverny ?
Née à Chicago le 12 février 1925 (elle décédera le 30 octobre 1992 à Paris), la jeune Joann montre, comme son mentor du XIXᵉ siècle, une appétence très précoce pour la peinture. Encouragée par sa famille, elle poursuit de brillantes études artistiques et s’installe à New-York après-guerre où elle fréquente la New York School, alors haut lieu de l’expressionnisme abstrait. Elle en devient dans les années 50 un des éléments les plus remarqués. Elle voyage également à plusieurs reprises en France où elle finit par se fixer en 1959. Définitivement séduite par les paysages franciliens, elle acquiert en 1967 une propriété au nord-ouest de Paris, à Vétheuil, dont la vue imprenable ouvre sur la Seine.
L’abstraction du travail de Joan Mitchell reflète toute l’énergie de son pinceau. Si elle s'est toujours montrée réticente à ce que l’on compare son travail à celui du maître de l’impressionnisme français, elle n’en partage pas moins ses références aux éléments naturels que sont les plans d’eau, les arbres, ou encore les champs et les fleurs. Comme lui, elle couche sur sa toile et par le souvenir, ses émotions devant les paysages qui l’ont marquée à un moment particulier.
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Du précurseur à l’héritière, dialogue par œuvres interposées
Plus qu’un simple pont jeté par-dessus l’Atlantique et qui aurait porté l’influence de Monet vers les grands peintres américains de l'après-guerre, le courant impressionniste abstrait se veut dès lors un véritable dialogue établi par-delà les décennies entre deux générations d’artistes qui se répondent. C’est d’ailleurs l’approche choisie délibérément par la Fondation Louis Vuiton dans le cadre d’une exposition proposée au public du 05 octobre 2022 au 27 février 2023.
Celle-ci met en avant les échos entre les œuvres respectives de Claude Monnet et de Joann Mitchell.
Précédée d’une rétrospective consacrée à l’artiste américaine et destinée à mieux la faire connaître au public français, l’exposition se fixe comme objectif de mettre en lumière les perceptions propres à chacun des deux artistes devant des paysages dont la perception est, pour eux, restée marquante au-delà des contraintes de l’espace et du temps.
En conformité avec une démarche éprouvée, Carré d’artistes ne pouvait donc passer à côté de cette occasion pour vous permettre d’aborder l’œuvre du maître de Giverny et, peut-être, vous faire découvrir celle de Joann Mitchell. Fidèle à sa volonté revendiquée d’apporter l’art au plus grand nombre et notamment à tous ceux qui n’osent pas fréquenter les musées et les galeries, ou n’en ont simplement pas le temps, notre entreprise se veut le média qui, depuis 2001, vous fait (re)découvrir et vous propose ainsi des œuvres originales et uniques.
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